L'enseignement de Wang xiangzhai


Comme nous l'avons déjà évoqué précedemment, il est difficile de savoir ce que le maître-fondateur a véritablement enseigné pour la raison que plupart de ses disciples reçurent également un enseignement de Yao zongxun ou bien avaient déjà de nombreuses années de pratique dans d'autres écoles de l'art martial chinois.

Il semblerait alors qu'un des seuls moyens d'entrevoir le yiquan laissé par le maître Wang xiangzhai à la postérité est d'essayer de comprendre les nombreux commentaires écrits qu'il nous a légué.




"S'étendre" (qiba) pour le faire qu'un avec la nature






Dans son interview au quotidien du peuple, le maître s'exprimait en des termes, durs pour les autres pratiquants de son époque, mais qui révélaient certaines de ses nombreuses recherches sur les origines de l'art martial. Ce sont ces recherches qui l'avaient poussé à entreprendre son célèbre "voyage de perfectionnement" à travers toute la Chine et qui l'avaient, certainement, ammené à composer son enseignement.

Dans cette interview, le journaliste lui pose une question relative aux relations, nombreuses selon Wang xiangzhai, qu'entretiennent opéra et art martial et sa réponse est la suivante :


"Auparavant, l'opéra fut créé pour éduquer les foules. Tous les mouvements martiaux que l'on y trouve ont pour origine la voie de la boxe. Or, à l'origine de la boxe, il y avait une pratique appelée "qiba" (s'élever, s'étendre vers le haut). Ce gongfu était une sorte de shili dont la pratique consistait à chercher la force par le port de la tête ainsi que la répartition correcte du poid du corps entre les deux jambes. En unifiant le corps de la sorte, on finissait par l'étendre jusqu'à le rendre "un avec l'univers". Anciennement appelée qiba ( 起拔 ),on retrouve cette pratique dans l'opéra actuel, mais appelée par erreur qiba ( 起霸 / s'étendre pour dominer) . Elle consiste à chercher la personnalité du caractère (le yi du personnage). En regardant les postures et la théorie qui en résultent, on sent bien que sans être vraiment loin du but, elles ne l'ont pas atteind pour autant. Elles ont en elle la racine originelle mais ont dérivé et ne sont plus que des postures esthétiques déstinées à divertir l'oeil du riche spectateur : elles ont été créée de toute pièce. Il en va de même aujourd'hui chez les pratiquants de boxe : Tous sont capables de se mettre dans toutes sortes de posture mais aucun ne possède de véritable équilibre dans leur utilisation. En fait, il y a beaucoup de vieux chevaux mais peu de jeunes poulains. Tout cela n'est devenu qu'une distraction contrefaite. Et, quand bien même dans ce domaine, certains n'arriveront jamais à rien, comment pourraient-ils, de ce fait, entrevoir la satisfaction profonde qu'apporte la voie de la boxe ?"






Opéra de Pékin (jingju) extrait d'une représentation des "trois royaumes"







Plus tard dans la même entrevue, le maître s'exprime sur l'art de la santé (yangshen) en ces termes :

"En réalité, les clefs de la préservation de la santé sont simples. La nature humaine profonde nous pousse vers la simplicité et les mouvements libres de toute restriction. L'extension de l'instinct naturel en est la base. Tous les jours, dans l'air frais du matin, sans aucune méthode, pliez légèrement et simplement toutes les articulations, considérez le vide qui vous entoure, bougez simplement et librement. Ressentez l'énergie du flux sanguin à l'intérieur de votre corps et, en dans un même temps, prenez conscience des forces naturelles qui s'exercent sur l'extérieur de tout votre corps. C'est ce que l'on appelle : l'esprit (shen) est comme s'il nageait.
Le corps et l'esprit sont naturels et comfortables. Non seulement libre et sans entraves, ils vont progressivement finir par s'étendre pour ne faire plus qu'un avec la nature."





L'esprit est comme s'il nageait, par Wang xiangzhai




Ainsi, l'enseignement de Wang xiangzhai, souvent exposé sous son aspect des plus martial et complexe, avait pour racine la simplicité et le naturel.


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