Yangsheng : L'art de nourrir le principe vital (deuxième partie)


A partir de la dynastie Song, les textes sur l'alchimie taoïste parlent du yangsheng comme d'un travail d'entretient mutuel du xing et du ming (xingming shuangxiu / 性命双修 ).

Dans son ouvrage "Traité d'alchimie et de physiologie taoïste", dont le contenu majeur est une traduction du "Weisheng shenglixue mingzhi" (Explications claires sur la physiologie et l'hygiène) de Zhao bichen, catherine Despeux nous éclaire sur les notions de xing et de ming :

"Le caractère xing est formé de la vie (sheng) et de la clef du coeur. Il désigne la nature propre, l'essence de l'être. Le ming est le destin que le ciel a fixé pour l'homme, le lot de vie qui lui est alloué à la naissance, c'est aussi l'être considéré dans l'espace et le temps. On pourrait ici reprendre la terminologie de Heiddeger et traduire ces deux termes par l'être et l'étant. Selon Granet, le xing est la manifestation verticale de l'individu, et le ming sa manifestation horizontale dans l'espace."




Xingming guizhi, naissance de l'embryon





Dans le "Recueil des principes essentiels sur le xing et le ming" (xingming guizhi), ouvrage taoïste datant du 17e siècle, il est dit (traduction catherine Despeux) : "Corps, esprit et pensée forment les trois familles. Lorsqu'elles se rencontrent, l'embryon est parachevé. Essence, souffle et énergie spirituelle sont les trois origines. Lorsqu'elles retournent à l'un, le cinabre est accompli. Pour ramener les trois à l'un, il faut être dans la quiétude et l'esprit vide."




Mi jingke, posture bouclier et lance



Mi jingke, une disciple de Wang xiangzhai, parle dans son ouvrage "Dachengquan shiyong xueshuo" de l'importance de "l'oublie de soi" et de "l'entrée en quiétude" pour que la pratique soit bénéfique - deux expressions issues du bouddhisme chan - ce qui n'est sans rappeler les nombreux liens existant entre les deux courants religieux à travers l'histoire de la Chine : L'idée "d'embryon" taoïste existe également dans le bouddhisme chan dès le 8e siècle de notre ère sous le nom "d'embryon saint" et le xingming guizhi le rapproche de la notion de Dharmakaya, la nature de bouddha que chacun possède en soi.

Le zhanzhuanggong thérapeutique, lui, a été développé dans les années 50 par Wang xiangzhai et certains de ses disciples, en collaboration avec plusieurs hôpitaux et instituts de recherche en médecine, notamment les instituts de recherche en médecine de la ville de pékin et de la province du Hebei.




Wang yufang, enseignant le zhanzhuang à une personne paraplégique





Des résultats très positifs sur de nombreuses affections avaient été constaté après une pratique régulière du zhanzhuang. Entre autres, des cas d'hypertension artérielle, d'hépatite chronique, d'hémiplégie, de polyarthrite ou bien encore de neurasthénie et autre affections psychiques avaient, à l'époque, été traité par le zhanzhuang et suivi dans les différentes étapes de la pratique par des médecins et chercheurs. Une amélioration de l'état de santé général, souvent caractérisé par un retour de l'appétit et du sommeil fut constaté lors des premières semaines, voir des premiers jours. Une action sur la production de globules blancs par l'organisme fut également constaté (augmentation de la production ou diminution et stabilisation, selon les cas).

Madame Wang yufang, fille cadette de Wang xiangzhai, publia de nombreux ouvrages sur le sujet, "yiliao tiyu huibian, hunyuan jianshen fa" (Recueil de textes médicaux et sportifs, méthode de renforcement corporel du chaos primordial) est le plus complet. On y trouve les différents écrits et méthodes d'entrainement de son père ainsi que ses propres écrits, dont les "31 postures du yiquan", qui est une version plus complète des 24 postures standardisées par Wang xiangzhai et Yu yongnian.






Conférence de Wang yufang sur le zhanzhuanggong




La pratique du yangsheng dans le yiquan / dachengquan fut donc orienté vers une utilisation en tant que méthode de recouvrement de la santé. Son fondement étant "l'entretient du principe vital" (yangsheng), que l'on retrouve parfois dans certains textes moderne sous l'expression "protéger le principe vital" (weisheng).

Mais, dans son ouvrage "shenyiquan, yangshenggong" (la boxe de l'intension divine, travail d'entretenir le principe vital, le maître Li jianyu, disciple direct de Wang xiangzhai, explique que le zhanzhuang est une pratique de recherche du mouvement dans l'immobilité, prenant naissance dans l'esprit et ayant des répercussion, tout d'abord, sur le corps puis, par la suite, jusqu'à l'extérieur du corps.

Ce qui nous rappelle l'origine du yangshenggong, bien plus qu'une pratique de santé...





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