Le Yiquan du maître Guo guizhi


Il l'a dit et redit : C'est probablement la dernière fois qu'il vient enseigner en France. A l'âge de 81 ans, le maître Guo guizhi est revenu en Europe pour une série de stage à Lyon, Toulouse, Marseille et Milan mais reviendra-t-il l'année prochaine, comme il le fait maintenant depuis plus de 10 ans ? Rien n'est moins sur...

Lors du stage qu'il a donné à Lyon le weekend dernier, Guo guizhi a été très explicite quand à l'origine de son Yiquan, il préfère d'ailleurs utiliser l'appellation Dachengquan, plus conforme à l'époque à laquelle il a commencé l'étude de cette école et dans un souhait de montrer qu'il enseigne l'école du fondateur Wang xiangzhai plutôt que celle de son disciple Yao zongxun, avec qui il a pourtant étudié pendant de nombreuses années.



Guo guizhi (devant à gauche), photo de groupe avec le professeur Yao zongxun (au centre)



Démarrant son apprentissage auprès du maître Yu yongnian (décédé au mois de juillet à l'age de 92 ans) dans un soucis de recouvrer la santé, Guo guizhi se dirigea rapidement vers l'aspect martial du yiquan. Ainsi, son maître le recommanda auprès du fondateur Wang xiangzhai dont il pu suivre les leçons une fois par semaine pendant une très courte période.
Mais l'enseignement du fondateur étant obscure, Guo guizhi arrive difficilement à comprendre la complexité des forces que Wang xiangzhai est capable d'exprimer. Il restera tout de même marqué à vie par cette rencontre.

C'est donc aux cotés de Yao zongxun qu'il va se perfectionner et commencer à réaliser certains aspects de cette pratique. L'enseignement du maître Yao, plus conforme à ses attentes, est également plus facile à aborder et à comprendre. Guo guizhi va étudier auprès de lui pendant de nombreuses années, y compris pendant la difficile période de la révolution culturelle, période pendant laquelle Yao zongxun sera déporté à la campagne.



Guo guizhi (assi à gauche) au coté des maîtres Li jianyu (à sa gauche) et Wang yufang (au milieu)



Finalement, c'est sa rencontre avec Wan laisheng dans les années 80 qui sera comme une révélation. Cette rencontre l'amènera à une réflexion qui jettera les bases de sa pédagogie actuelle, laquelle est entièrement basée sur l'utilisation de la force de contradiction (Zhengli / 争力).

Le maître Guo guizhi enseigne le Yiquan / Dachengquan d'une manière particulière. L'utilisation de cette force "contradictoire" ou force d'opposition (zhengli) est, selon lui, un des points essentiels à maîtriser lors de l'apprentissage.
Selon lui, c'est dans l'utilisation de cette force que se trouve le secret de l'expulsion de force (Fali / 发力) si cher au fondateur Wang xiangzhai.



La rencontre entre Guo guizhi (au centre 2e rang) et Wan laisheng (2e à gauche, 1er rang), dans les années 80



Dès le début, au sein des postures zhanzhuang en double appui, ce travail s'exprime par une recherche d'élasticité (songjin / 松紧) dans l'expulsion de force (fali). Le pratiquant doit alors trouver la relaxation (song / 松) profonde lui permettant d'identifier la racine des tensions (jin / 紧) nécessaires au Fali, en exécutant un subtil mouvement global du corps. Pour une meilleur appréciation visuelle, le maître demande à ses élèves de débuter par des mouvements relativement amples, dans les six directions différenciées, qu'ils doivent pourvoir raccourcir avec la pratique, jusqu'à ce devenir invisibles et dirigés dans les six directions à la fois...



Travail de la force de contradiction (zhengli) pendant le zhanzhuang selon le Maître Guo



C'est donc débutant par un exercice extérieur que le pratiquant doit finir par intérioriser sa pratique, ce qui constitue, en quelque sorte, le chemin inverse de l'enseignement "classique" du Yiquan, que proposent la plupart des maître de la génération de Guo guizhi ou antérieure.

L'enseignement de Guo guizhi est donc d'abord basé sur un Waigong (travail extérieur) qui amène, avec le temps et la pratique, à un neigong (travail intérieur) le rendant au final complet (intérieur et extérieur).

Le travail porte des fruit lorsque le pratiquant à réussi à "transformer ses muscles en tendons", c'est à dire à ne solliciter plus que certains tendons pour garder la structure en laissant les muscles rouges au repos. Le maître allant jusqu'à vérifier physiquement si ces tendons sont bien sous tension...




Le maître Guo guizhi enseigne le travail d'étirement des tendons au sein du zhanzhuang



Finalement, l'enseignement du maître Guo guizhi, dans un soucis de conformité à la boxe créé par Wang xiangzhai, vise la réalisation de l'expulsion de force (Fali) sans user de technique précise. Le Fali devant être l'ultime technique puisque spontanée, soudaine et adaptable à toute situation et à tous changements que l'adversaire pourrait effectuer. Mais pour arriver à ce niveau de pratique, l'apprentissage des déplacements, des "essais de force" en déplacement, du contact avec la force de l'opposant (tuishou) reste nécessaire. 

Toutes ces phases de l'apprentissage devant amener le pratiquant à être capable d'utiliser ces principes librement, en les extrayant de ce moule d'origine, tout comme l'on doit savoir se débarrasser du radeau une fois la traversée de la rivière effectuée...




Pour des informations sur les prochain stages du maître Guo en France : http://dachengquan-guoguizhi.over-blog.com/



Merci à Laurent Chircop Reyes, disciple de Guo guizhi, qui m'a aimablement procuré les photos anciennes de son maître.



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